mardi 1 mai 2012

Robot Orchestra - ...now we can walk

HEY HEY HEY HEY, Robot orchestra reprennent les choses là où ils les avaient laissées il y a trois ans, avec bruit et fureur ! Le duo est désormais un projet à plein temps, et on sent que les milliers de bornes avalées et la quinzaine de pays traversés depuis "disorder of colors" ont laissé leur trace. Encore plus rock, noisy, et percutant que par le passé, Dimitri et Steve viennent de pondre un premier album taillé pour la scène. Bourré d'hymnes à s'égosiller la voix, de passages voués à transcender les publics et de parts épiques. Flirtant toujours avec des influences classieuses -la scène indie rock Scandinave et les défunts Lack en tête-, on ressent également des accents hot snakes un peu plus prononcé, non pour déplaire. Le titre éponyme ouvre le bal, suivi par les deux bombes que sont "thirsty anthem" et "convalescence". La fureur de leur noise rock est soulignée par une guitare tranchante, oscillant entre riffs lumineux et inventifs ou rythmiques binaires entêtantes, le tout appuyé par des lignes de voix simples, rageuses et allant droit au coeur. "Cesleste", interlude planante et noyée dans la reverb vient magnifiquement partager ce LP en deux, rendant au passage un très bel hommage à la mémoire de Mathieu Bierne (activiste de la scène rock indépendante, notamment fondateur du label YR Letter records). Le temps d'un instrumental bien senti ("Piton de la fournaise") et d'un morceau-outro aussi beau qu'écorché, qu'arrivent ces notes de xylophones et hurlements venant cloturer l'album, sans concessions. Seule envie après ces 37 minutes, courir voir le duo sur les planches dès que possible !

lundi 6 février 2012

Dead End - Clusterfucktabulous



Cul-de-sac. Un nom plutôt bien choisit pour un groupe de punk-rock indépendant qui sort son 4ème album sans demander l'avis ni l'aide de personne ! Contre vents et marées, changements de line up, maladie, problèmes financiers, manque de reconnaissance ou label qui met la clé sous la porte, Dead End est toujours là après 15 ans de bons et loyaux services, et rien que pour ça, ils méritent un énorme respect.

Ce Clusterfucktabulous rappelle l'âge d'or d'un punk-rock mélodique français des années 90, quand la seule question qu'on se posait était "et toi t'es plutôt Burning Heads ou Seven Hate" ?! Dead end était déjà dans la place, signé chez Dialektik Records, et sortait son "Ain't no cure", premier opus influencé par le punk rock au sens large - de la fin des 70's au début des années 2000 : nerveux, mélodique, rentre-dedans, et surtout avec ce chant très reconnaissable et bien souvent comparé à Robert Smith.

La formule est la même sur cette nouvelle galette, après tout Dead End ne cherche absolument pas à réinventer la musique. Les treize morceaux ne prennent pas de détours, il suffit de parcourir les noms des chansons, aux titres plutôt évocateurs ("Blah Blah", "Nervous breakdown", "Coward", "Think again"...), ou bien de mettre le disque sur ça platine et entendre les premiers accords de "Frienshit" pour s'en rendre compte ! Punk-rock mélo 90's, punk hardcore 80's, pop punk à l'ancienne, on sent une grosse maîtrise dans l'écriture du refrain qui tue, de la composition simple mais efficace et des mélodies à 4 accords ! Dans la grande tradition punk-rock, des samples bien choisis démarrent bon nombre de morceaux, et l'album se termine sur une note plus acoustique. Petit bémol sur la variété des morceaux, l'album est un poil trop vu sa diversité, mais si on veux poser le cerveau et headbanger en chantant le poing levé, Dead End se pose là.

www.deadend.fr

lundi 3 octobre 2011

Over the top - ep



A la Rochelle quand on s'emmerde, rien de plus naturel que de monter un groupe de rock pour casser la morosité ! C'est à peu près l'histoire d'Over the top, formé en 2009 par des membres d'éminents groupes de la région : Down to Earth, Mind the Gap, Mel Team Plugs, ou les moins connus Topper Harley.

Ici les motivators sont simples : puissance, efficacité. Du rock de stade West Coast, inspiré par les tubes de Foo Fighters, la beauté de Samiam et l'énergie de Flying Donuts ! Pour rester sur la côte ouest française, on pourras même citer les poitevins de Seven Hate, qui ont sûrement influencés un paquet de monde de ce côté là de la France...

Vu le nombre de rades écumé par les gaziers avec leurs groupes historiques, l'ep est forcément ficelé avec brio. Une fois le côté un peu FM (revendiqué et assumé) digéré, les mélodies bétons laissent parler la poudre et on en prend plein les feuilles ! Du refrain qui tâche par ci, de la rythmique bien plombée par là, du riff accrocheur et énergique au possible, une voix et des chœurs qui maîtrisent leur sujet... Finalement le seul défaut de cet EP, c'est son cruel manque d'originalité et sa durée bien trop courte...

Car on sent que les quatre prennent un plaisir immense à jouer ensembles et ne sont pas là pour réinventer quoique ce soit ou péter plus haut que leur cul. Juste envoyer du son entres amis, écrire des chansons accrocheuses et faire la fête, finalement. A l'image du refrain du morceau ouvrant ce 5 titres "Champagne in a Pint, Caviar in a Sandwich, a way of life to share !". Et puis avec un nom de groupe d'aussi bon goût, on ne peux que leur donner notre bénédiction !


Ep en écoute intégrale sur over-the-top.bandcamp.com

dimanche 2 octobre 2011

Ted Leo & the Pharmacists - the Brutalist Bricks



Ted Leo est le descendant d'une longue lignée. A l'heure où l'on tente encore de nous vendre le prochain produit marketing musical à la mode, il l'est l'un des derniers punks contestataire de ce monde, rejeton spirituel direct de la famille politique des Clash ou de Fugazi, rien que ça !

Depuis le début de sa carrière, l'américain s'évertue à enregistrer des disques tous plus passionnants les uns que les autres, empruntant au punk-rock son engagement et son énergie, et à la pop son génie mélodique et sa voix ultra classe. Sur cette dernière fournée (désormais signé chez Matador !), il nous livre une collection de 13 titres imparables, inspirants autant qu'inspirés, à l'écoute desquels il est quasi impossible d'exercer autre activité que fredonner machinalement...

Parmi la pelletée de tubes qui suintent de cette galette, on retiendra particulièrement 3 morceaux : "the Mighty Sparrow" qui ouvre magistralement l'album et résume assez bien le style Ted Leo (grosses mélodies, superbe voix et refrain qui reste en tête), l'épique "Even heroes have to die" qui caresse dans le sens du poil et laisse de grands frissons, et enfin LE tube de cet album, "Bottled in cork", dont les ponts de 6 cordes et l'outro devraient squatter votre cerveau un bon moment si vous êtes normalement constitués...

La section rythmique (le fidèle batteur Chris Wilson et le nouveau bassiste Marty Key) et l'énergie qui se dégage du son de cet opus sont particulièrement bluffant ; la seconde guitare (James Canty, également présent depuis un bon moment) n'étant pas non plus là pour enfiler des perles ou faire de la figuration. Enfin, comme toujours chez Ted Leo, les lyrics sont au rendez-vous. Il a le talent de faire sonner des phrases insonnables, de commencer une chanson par une suite de mots aussi improbable que : "There was a resolution pending on the United Nations floor" (en français : "il y avait une résolution en attente sur le plancher des Nations Unies"), de finir la même chanson (toujours "Bottled in Cork") par "Tell the bartender, I think i'm falling in love" ("dites à la serveuse, je crois que je suis en train de tomber amoureux"), d'écrire admirablement des textes politiques, aussi bien que de raconter un tour d'Europe en famille !

Le pire dans tout ça, c'est que ça s'enchaîne sans temps morts et qu'on en redemande dès que c'est fini... J'ai toujours du mal à comprendre comment et pourquoi un artiste pareil est toujours aussi méconnu, mais que les fidèles du grand Ted se réjouissent, ses albums sont sold-out moins rapidement et dans quelques décennies vous pourrez fièrement les exhiber à vos petits-enfants !

dimanche 25 septembre 2011

La Célula Durmiente - Disco Póstumo



Le trio espagnol, après de flamboyants débuts sur Perverso Universo (2005, sorti chez Underhill Records), était parti sur des sentiers plus expérimentaux. Ainsi, leur deux derniers opus s'intéressaient à de nombreux courants musicaux et se perdaient un peu en chemin.

Depuis, Joan Colomo a définitivement troqué le catalan contre la langue de Shakespeare. Plus aucuns complexes à avoir, surtout avec ce genre d'album coup de poing ! Tout est maîtrisé de A à Z, des paroles poétiques, au son jonglant entre Post Punk, Indie Rock et Punk Rock, sans oublier leurs expérimentations passées et d'incorporer ici une rythmique reggae ("Triste Condición"), là des claviers un brin psychédéliques, ou des chœurs pop à souhaits.

Le long curriculum vitae du jeune Colomo et son récent intérêt pour la production (qu'il partage ici avec le talentueux Santi Garcia, producteur d'une bonne partie des albums cultes espagnols) emmènent une fougue contagieuse et une énergie débordante à ce LP. Et l'apport de cette voix féminine (leur nouvelle bassiste - et compagne de Joan Colomo- Inès Martinez) qui double certains passages, envoit des "la la la la" ("Línea Curva ") et des "oh oh oh" ("Deriva") en fond, ou prend parfois le lead ("Ministerio de Ergonomía") est également du plus bel effet !

Joan Colomo ayant entamé depuis peu une carrière solo où il peut pleinement expérimenter, La Célula Durmiente se concentre sur l'essentiel : du rock indé survitaminé, rappelant parfois la fougue du défunt Jay Reatard, des Black Lips, ou si l'on remonte un peu plus loin des excellents Dead Boys ou Pixies. Des chansons directes et en apparence simples, mais capables de vous étonner à la trentième écoute avec une mélodie enfouie ! Ils n'ont tout de même pas pu s'empêcher d'enregistrer cet "Origen Aborigen", expérimentation bizarre et planante faisant un peu tâche au milieu du disque.

Le tout reste ultra énergique, frais, et s'écoute d'une traite. Un seul titre dépasse les 3 minutes, les 9 autres sont envoyés pied au plancher, évoquant des milliers de couleurs, d'odeurs, souvenirs... Avec l'hiver qui approche, oubliez les cures de vitamines c et autres compléments alimentaires, investissez plutôt dans ce Disco Póstumo et reprenez les cours d'espagnol !

http://www.myspace.com/celulaband

lundi 11 juillet 2011

Obits - Moody Standard and Poor



Ladies and Gentlemen, Mr Rick Froberg is back in town! Le leader de feu Drive Like Jehu et des géniaux Hot Snakes a remonté un gang de mauvais garçons qui passent des heures à torturer leurs guitares et jouer aux apprentis sorciers avec leurs amplis…

Après un album de chauffe remarqué et acclamé, I Blame You (2009), le quatuor de Brooklyn a fait changer le circuit électrique de leur salle de répétition et nous pond ce Moody Standard and Poor, histoire de faire comprendre à tout le monde qu'ils ne sont pas non plus là pour déconner. Moins garage poisseux que son prédécesseur, Obits prend son pied à jouer avec les ambiances et faire monter une tension sous-jacente prête à exploser à tout moment. Une sorte de Hot Snakes édulcoré, mais tout autant destructeur.

Les gaziers jouent sur du matos bien vintage, le genre de son de guitare qui vient tout droit des 60's, reverb de l'espace et fuzz crasseuses à l'appui. Cependant la production, confiée à Eli janney et Geoff Sanoff, est elle bien moderne et met en avant le timbre fédérateur et la verve acérée du sieur Froberg. Obits s'amuse avec un basse batterie magnétique, sur lequel quelques riffs et solos déconcertement simples viennent se greffer ; "You gotta lose", "I want results", ou "Spot the pikey" sont de parfaits exemples du savoir-faire indéniable des New-Yorkais. La qualité n'en démord pas quand Sohrab Habibion passe derrière le micro, comme sur le langoureux "Standards".

Parfait croisement entre le rock à papa des Jams ou Kinks avec la fureur de leurs anciens combos, cet album (comme le premier) est sorti chez le mythique délivreur de bon goût Sub Pop, s'il fallait encore un argument pour vous convaincre…

http://www.obitsurl.com/

Dani Llamas - speaking thru the others



Les derniers albums de Gas drummers l'avaient un peu laissé présager... Entre les morceaux se rapprochant de la folk (“Back among the dead” et “Where to go” chez Decalogy, ”All that’s left behind” sur Standard down) et les arrangements de plus en plus soignés, un album solo de Dani Llamas paraissait presque inévitable. Le dernier album en date de Gas Drummers aura nécessité l'écriture de plus de 50 morceaux avant de voir le jour ; ici Dani a pioché parmi plus d'une centaine de titres écrit ces deux dernières années pour aboutir à ces 12 compositions ! Le rapprochement avec Gas Drummers s'arrête cependant là.

L'espagnol explore ici de nouveaux territoires, le genre de projet qui trotte un certain moment dans les têtes avant de se concrétiser. Dans le cas présent, les rencontres de l'hyperactif Ken Stringfellow (the Posies, REM, the Disciplines,...) et Paco Loco, qui a produit le disque, auront été déclencheuses de cette nouvelle aventure.

En 12 petits morceaux, Dani pose des ambiances feutrées et acoustique, entre une folk pop dans l'ère du temps et un americana des grands espaces. On découvre une nouvelle facette de sa personnalité, un musicien fragile, sensible et mélancolique. L'album ne se laisse pas apprivoiser en quelques écoutes, plutôt le genre de LP qui mûrit au fil du temps.

Dani Llamas n'a aucun autre prétention que d'écrire des chansons, encore et toujours, et de les jouer au maximum de monde possible, comme il raconte sur le morceau éponyme ouvrant l'album : "Listen to my story, there's no faith no glory". Ces histoires sont rarement accompagnées d'autre chose que d'un piano, quelques notes de xylophones, une suite d'accord façon camping autour d'un feu ou une discrète batterie, le tout bien suffisant pour mettre en avant de belles mélodies et quelques réussites ("Red Moon", "All is gone", "Fools", ou "Kiss me when I'm dead").

Speaking thru the others est une parfaite entrée en matière dans la discographie solo de Dani Llamas, et voir le personnage en concert vous donnera un meilleur aperçu de tout son talent. Il n'est donc pas trop tard pour découvrir cet album, en attendant la sortie physique du deuxième chapitre des aventures solos du catalan.

http://www.myspace.com/danillamas